Retrouvez tous les interviews décalés de l’édition 2015

KALLE NIO (compagnie WHS ) 

Kalle Nio est l’un des fondateurs de la compagnie WHS. Magicien et artiste visuel, il est également acteur dans Lähtö, que vous pourrez voir le samedi 12 novembre à la Brèche à Cherbourg, et les 14 et 15 novembre à la Comédie de Caen, théâtre d’Hérouville. Il nous parle ici de magie, de son spectacle, et de vêtements qui bougent tous seuls.
Pour en savoir plus sur Lähtö à Cherbourg, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur Lähtö à Caen, cliquez ici.

Pour vous, c’est quoi la magie nouvelle ?
Je pense que la magie nouvelle la plus puissante est le fait de pouvoir faire apparaître une pizza devant sa porte simplement en pianotant sur son téléphone. Au théâtre, quelque chose de nouveau est, selon moi, quelque chose qui n’a pas été fait depuis plusieurs années et que le public redécouvre. La mémoire du public est courte, surtout au théâtre. On oublie ce qu’on a vu et l’ancien redevient neuf. Mais je crois tout de même que la magie au théâtre a encore beaucoup de potentiel qui peut être exploité. Et il y a peut-être de nouvelles choses à découvrir. Aujourd’hui, on fait du neuf en utilisant toutes les possibilités que nous offrent la scène et les équipements de théâtre pour créer des illusions qui parlent de la vie et qui replacent la magie à la pointe des arts scéniques. La magie nouvelle, c’est tout ce qui fait de la magie une forme d’expression pertinente et contemporaine.

Vous êtes vous-même un grand magicien. Si vous deviez choisir, vous prendriez Harry Houdini ou David Copperfield ?
Copperfield ne peut pas être comparé à d’autres ! Jamais un magicien avant lui n’avait élaboré autant de techniques et de moyens pour faire de la magie. Il a absolument tout mon respect ! Pour ce qui est de Houdini, à mon avis ce n’était pas vraiment un magicien, plutôt un comédien. Son grand talent a été de devenir célèbre avec des exploits ridicules.

Merlin l’enchanteur ou Harry Potter ?
Je ne connais pas bien leur travail, mais Merlin m’a l’air d’être un mec plutôt impressionnant, comparé à Harry Potter avec ses problèmes d’ado. Oui, je prendrais Merlin sans hésiter.

Dans votre spectacle Lähtö, les vêtements semblent avoir une vie propre. Pensez-vous que les objets se promènent quand on ne les regarde pas ?
J’imagine… En tout cas, les chaussettes se cachent en permanence. Dans Lähtö, les vêtements et les objets animés traduisent les sentiments intérieurs des personnages. C’est ce qui se passe à longueur de temps dans la vie. Les objets nous entourent et ceux que l’on possède en disent long sur ce que nous sommes, que ça nous plaise ou non.


 

LARS GREGERSEN (Compagnie GLiMT)

La compagnie GLiMT sera au théâtre de la Renaissance à Mondeville ce mardi 17 novembre. Lars Gregersen, directeur artistique et interprète pour la compagnie, nous parle de rangement et de mythologie grecque.
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Avez-vous toujours voulu être un artiste de cirque ?
Non… Pas du tout. Jusqu’à mes 17 ans, ma seule activité physique était le skate board. J’ai commencé la gym acrobatique en complément à mes entrainements de Kung Fu, que j’ai commencés vers cet âge-là. C’est seulement plus tard que j’ai pris conscience de mon besoin urgent de monter sur scène (un besoin que j’avais méchamment réprimé depuis le jour, en CM1, où mon instituteur m’avait viré du club de théâtre parce-que je laissais selon lui un peu trop libre cours à l’improvisation). Mais une fois que je m’en suis rendu compte, je m’y uis mis à fond.

Dans Sisyphus Ascending, on a affaire à un bureau très mal rangé … Êtes-vous quelqu’un d’ordonné ?
Hmmm … Ça dépend à qui vous demandez ! Ne demandez surtout pas à ma compagne ou à ma fille. Je pense réellement être assez ordonné … dans mon désordre … J’espère.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur un mythe ?
Je crois que les mythes sont des histoires universelles qui se construisent autour des interrogations fondamentales de l’humanité. Sisyphe particulièrement. Je me suis senti très concerné par l’histoire de Sisyphe lorsque j’ai lu l’essai de Camus à son sujet. Et quand j’ai lu les histoires originales, que j’ai pu avoir une vision plus complète du personnage et de ce qu’il représente, j’ai su qu’il me fallait créer un spectacle à son propos

Quel personnage de la mythologie grecque seriez-vous / voudriez-vous être ?
Sérieusement ? Sisyphe bien sûr !

Il est vraiment ce qu’on peut appeler un héros modern. Il se rebelle contre le régime des Dieux, se fait punir pour la simple raison qu’il croit à l’égalité. Bien sûr ça dépend des versions … Mais Sisyphe a de nombreuses histoires, toutes très différentes. Et j’aime la totalité des aspects qui lui sont attribués. Même quand il est présenté comme le méchant il trouve toujours une façon ingénieuse de régler ses problèmes, sans utiliser la force comme la plupart des Dieux grecs.


 

LARS DANIELSSON

Lars Danielsson est suédois et contrebassiste. Il enchantera les foyers du théâtre de Caen le mardi 17 novembre avec son liberetto donné en quatuor. Il nous parle de jazz, de contrebasse et … de Sting.
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Pourquoi avez-vous choisi le jazz plutôt que la musique classique ?
Quand j’étais très jeune, j’écoutais du rock, des artistes comme Jimi Hendrix, Santana ou les Beatles. Ce sont mes premières racines musicales. J’ai aussi joué de la musique à l’église, ce qui m’a familiarisé avec les hymnes et avec Bach. Quand j’avais 18 ans, j’ai entendu à la télévision un concert avec Oscar Petersen et Niels Henning à la basse. À partir de ce moment, j’ai su que je voulais faire du jazz.

Vous avez joué avec des musiciens très reconnus (John Scofield, Charles Lloyd, Tigran Hamasyan…). Comment gérez-vous la célébrité ?
Pour moi, que la personne soit connue ou non n’a aucune importance. Chaque être humain est unique et, en ce qui concerne la musique, je fais confiance à mes oreilles et à mon cœur.

La contrebasse n’est pas l’instrument le plus pratique à transporter … Avez-vous déjà eu des soucis pour voyager ?
Il est très difficile aujourd’hui de voyager avec cet instrument. Parfois, je demande à l’organisateur du concert de me trouver une contrebasse, ou alors j’utilise ma contrebasse de voyage conçue par le génial Jean Auray.

Vous ressemblez un peu à Sting. On vous l’a déjà dit ?

Haha oui ! C’est déjà arrivé qu’on me le dise. Je suis peut-être une version moche de Sting 😉
Enfin, j’adore sa musique et j’ai eu la chance de faire un enregistrement avec lui.


 

ARNI THORARINSSON

Arni Thorarinsson, auteur de polars islandais, sera à l’auditorium des musée des Beaux-Arts de Caen le dimanche 22 novembre à 14h, dans le cadre d’un débat sur le polar nordique face à la mondialisation avec Leif Davidsen et Gert Nygårdshaug. Il sera par la suite en tournée dans les bibliothèques et médiathèques de Basse-Normandie, et dès le 19 novembre à Saint-Hilaire-du-Harcouët par le biais de Skype.

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Vous vous préparez à passer toute une semaine en Normandie. Êtes-vous prêt à manger BEAUCOUP de camembert ?

Ça dépend … Combien c’est, BEAUCOUP ? Un jour j’ai mangé BEAUCOUP de camembert frit et je me suis senti un peu drôle. C’était peut-être à cause du vin ?

Vous savez que les normands ont des racines vikings ? Sur quel point nous ressemblons-nous d’après vous ?

Oui, je le sais. Je connais un peu mieux les Islandais que les Normands, et à mon avis vous n’avez pas envie de savoir en quoi on se ressemble. Disons que vous êtes bien meilleurs que nous pour prendre des décisions importantes. Vous êtes aussi probablement meilleurs pour magner l’épée avec précision.

Écrire des polars, est-ce que ça vous aide à résoudre les mystères du quotidien ? Par exemple, retrouver où vous avez posé vos clés ?

Les mystères du quotidien se doivent de rester entiers. Dans mes polars, les mystères sont plus faciles à résoudre pour moi parce que je suis Dieu.

Bon, ça n’est pas le tout, où est-ce que j’ai mis mes lunettes ?

Ah, sur mon nez.

Vous me conseillez d’aller en Islande ? Pourquoi ?

Je recommande chaudement l’Islande à ceux qui se fichent de la météo qui change d’une minute à l’autre. Aussi à ceux qui aiment les paysages et gens étranges, la nourriture et s’amuser.


 

KRISTIN KORB

Kristin Korb, chanteuse-contrebassiste américaine de jazz, sera au Camion Jazz à Louvigny le dimanche 22 novembre à 17h. Elle nous parle de sa terre d’adoption, le Danemark.

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Vous êtes américaine, vous vivez au Danemark, vous voyagez à travers le monde pour vos concerts … Jouer dans un camion (Le Camion Jazz à Louvigny le dimanche 22 novembre à 17h), c’est un peu un symbole de tout ce temps passé sur la route ?

Je vais jouer dans un camion ? La dernière fois que ça m’est arrivé c’était à mes débuts, dans le Montana. Est-ce qu’il y aura là aussi du foin et du bétail ? Ça ira pour moi, tant que le camion ne roule pas pendant qu’on joue 🙂

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans la culture danoise ?

Les Danois prennent leur temps pour fêter des événements. Quand on est invité à un « déjeuner danois », il faut savoir qu’on mangera jusqu’au soir. C’est une expérience vraiment sympa quand on s’y est préparé mentalement. Je ne vous révélerai pas le nombre de kilos que j’ai pris depuis que je suis arrivée ici.

Vous pourriez passer pour une danoise avec vos cheveux blonds. Pensez-vous que le destin vous a amenée ici ?

Ça fait des années que je paye pour avoir ces cheveux blonds. J’essayais certainement d’avoir l’air danoise sans m’en rendre compte ! Je suis très heureuse d’avoir atterri au Danemark. Il n’y a rien de mieux qu’être avec l’amour de sa vie.

Cette année, nous avons la chance d’accueillir deux très bons contrebassistes : Lars Danielsson, et vous bien sûr ! Vous vous connaissez ?

On s’est retrouvé dans le même festival il y a quelques années, en Norvège. Lars est un musicien fabuleux et un mec super. Je pense que les contrebassistes sont des gens particulièrement gentils.


LEIF DAVIDSEN

Leif Davidsen, auteur danois, écrit des polars et des romans d’espionnage. Il sera à l’auditorium du musée des Beaux-Arts de Caen le dimanche 22 novembre dans le cadre d’un débat sur le polar nordique face à la mondialisation.

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Ce n’est pas la première fois que vous venez en Normandie. Quel est votre souvenir le plus mémorable ?

Les plages du débarquement, les musées, les champs de bataille et le mémorial. Mais aussi les gentils employés et visiteurs des Boréales.

Camembert, huîtres ou Calvados?

Les huîtres en entrée, le camembert en dessert et un calva avec mon café.

Vous avez beaucoup écrit sur d’autres pays … Un roman sur la campagne normande est-il en prévision ?

Je ne sais pas. Mais ça pourrait ! Il y a quelques années, j’ai écrit une nouvelle qui se passait à Etel, en Bretagne.

Vous êtes un spécialiste de la Russie. Un mot pour décrire Vladimir Poutine ?

Une poupée russe : des secrets cachés dans des secrets …


 

FRODE GRYTTEN

Cette année le punk rock des Clash s’invite aux Boréales. Auteur norvégien d’Incandescents, un roman biographique sur les années de gloire du groupe mythique, Frode Grytten sera à Lapage, workshop « à la française » le lundi 23 novembre à 19h, dans le cadre d’une soirée littérature rock. Nous lui avons demandé de s’exprimer sur les plus grands succès des Clash.

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Should I stay or should I go?

Il s’agit certainement de la chanson la plus connue des Clash. Elle s’articule autour d’un riff de guitare classique et puissant, composé et joué par Mick Jones (guitariste et chanteur du groupe [ndlr]). Peut-être qu’il y parle de sa copine du moment, l’artiste Elle Foley, et il parvient à cette conclusion : en amour, il est impossible de gagner, nous sommes toujours perdants. La question, « devrais-je rester ou partir », est centrale dans la vie de tout un chacun, et parfois si présente qu’elle vous détruit de l’intérieur. Je suis arrivé à un point de ma vie où je choisis de rester chez moi, avec ceux que j’aime. C’est donc plutôt dans ma jeunesse que la question était un réel dilemme.

London Calling

Le plus grand succès des Clash au Royaume-Uni. C’est une chanson apocalyptique sur l’empire britannique, sur l’inondation en cours et sur la déclaration de guerre. Un véritable hymne qui a été violé et utilisé encore et encore à mauvais escient. Je l’ai entendue à Londres, alors que la ville accueillait les Jeux olympiques d’été en 2012. Voilà un usage stupide d’un classique mal compris ! J’ai essayé de téléphoner au directeur des Jeux olympiques pour lui demander de mettre fin à cette absurdité, mais je n’ai pas trouvé le bon numéro.

Death Or Glory

Dans cette chanson, Joe Strummer (chanteur et leader du groupe [ndlr]) déclare : « Celui qui baise les nonnes finira par rejoindre l’Église ». Je pense que ça résume plutôt bien le message, et ces paroles lui permettent de créer sa propre mythologie. Ça parle d’y aller à fond, de rester fidèle à l’éthique du mouvement punk, alors qu’ils étaient devenus un groupe de rock lumineux, brillant, magnifique. Le titre est précis dans sa dichotomie : les Clash ont glissé à la fois vers la mort et vers la gloire, en passant sur tout ce qui se trouve entre les deux.

Lost In The Supermarket

C’est Joe Strummer qui a écrit les paroles, mais c’est la voix et la chanson de Mick Jones. Il parle de sa jeunesse en banlieue, lorsqu’il vivait dans un immeuble de Ladbroke Grove, à proximité de la Westway (une portion de l’autoroute A40, à l’ouest de Londres). Les halls d’immeubles vides, les ascenseurs puants, la ville de Londres qu’il voit se consumer depuis le 16e étage. Les cris de ses parents qui se hurlent dessus. Le son des morceaux de rock diffusés à la radio. Il était perdu dans le supermarché, à l’instar de nous tous. Le supermarché nous donne une personnalité, mais c’est un mensonge capitaliste. Au moment où tu rentres dans le supermarché, ta personnalité est écrasée.

Êtes-vous vous-même un punk rocker ?

J’ai 54 ans… Je serais ridicule si je me baladais avec un look de punk rocker. Mais je porte toujours en moi l’éthique du mouvement et, en 1977, le punk m’a donné accès à un peu de liberté : fais entendre ta voix, n’écoute pas les autorités, chante de ta propre voix, joue, crie, écris, fais de l’art, l’art est accessible à tous, ça n’est pas réservé aux élites, alors lâche-toi.


 

CIRKUS CIRKÖR

La compagnie de cirque suédoise Cirkus Cirkör nous fait l’honneur de fêter ses 20 ans au festival Les Boréales, qu’elle fréquente depuis 15 ans déjà. Vous pourrez les retrouver à la Comédie de Caen, théâtre d’Hérouville les 23 et 24 novembre avec leur spectacle Underart, et au théâtre de Caen du 25 au 28 novembre avec leur spectacle Knitting Peace, où il est question de tricot … Explications de Susanne Reuzsner, responsable de la communication.

Plus d’infos sur Underart ici.
Plus d’infos sur Knitting Peace ici.

Alors, ça fait quoi d’avoir 20 ans ?

C’est génial. On fête 20 ans de dépassement de frontières dans les arts et dans la société. Quand on a commencé en 1995, on était inspiré par des compagnies et metteurs en scène comme Archaos, Cirkus Oz ou Peter Brook. Leur art a montré au monde qu’on pouvait faire un pas au-delà des frontières et que ça avait un sens ! Ils nous ont poussés à croire que tout était possible. Tout ce qu’on a fait depuis lors – spectacles, activités pédagogiques, collaborations transfrontalières entre collectivités, institutions, chercheurs et entreprises – a toujours eu pour but de transmettre cette conviction.

Ça fait 15 ans que vous venez aux Boréales… Vous n’en avez pas marre ?

Bien sûr que non ! On aime toujours nous produire pour le public Caennais, dans le pays du « cirque nouveau ». On a toujours reçu beaucoup d’intérêt, de respect et d’amour de la part du public. Les Boréales a été l’un des premiers festivals français à ouvrir ses portes à Cirkus Cirkör, alors qu’on était jeune et sans réputation à l’international. Les directeurs artistiques qui osent prendre des risques valent leur pesant d’or, et on espère revenir encore 15 fois au moins.

Pourquoi avez-vous choisi le tricot et pas la dentelle ? Le tricot est à la mode ?

Lorsque notre directrice artistique, Tilde Björfors, a commencé ses recherches pour sa nouvelle production, il y avait du tricot partout. Tout le monde s’était mis à tricoter, ou au moins tout le monde connaissait quelqu’un qui le faisait. On pouvait voir des groupes de tricot dans les cafés, des manifestations de tricoteurs et tricoteuses dans les villes la nuit. Facebook, Youtube… Internet était inondé par le tricot et les mouvements qui y sont liés. Tilde a commencé à voir le potentiel du tricot comme point de départ d’un spectacle.

L’un de vos spectacles s’appelle Knitting peace (« tricoter la paix »). Pensez-vous que le tricot peut changer le monde ?

On s’est posé cette question quand on a commencé à travailler sur ce spectacle, et on continue à le faire. Est-il possible de tricoter la paix ? Est-il illusoire de faire son possible pour la paix dans le monde ? Est-ce que faire son possible peut dans les faits faire bouger les choses ? Est-ce qu’un groupe mondial de tricot pour la paix pourrait faire une différence ? John Lennon et Yoko Ono ont dit : « La guerre est finie (si tu y crois) » et « imagine la paix ». Ça nous inspire.
En parallèle du spectacle, on a lancé un « appel au tricot ». On a encouragé les gens à tricoter avec de la laine blanche et à nous envoyer leurs créations accompagnées des réponses à trois questions : « Pourquoi tricotez-vous ? », « pourquoi vous battez-vous ?», « est-il possible de tricoter la paix ? ». On a reçu des milliers d’objets tricotés, rassemblés par la suite en une petite exposition qu’on emporte avec nous en tournée.
Les participants ont passé le mot dans leur entourage et le projet a grandi. À la fin de l’année 2015, la plupart des objets constitueront une grande exposition qui pourra être vue au musée de l’armée à Stockholm.


 

ERIC BOURY

Eric Boury est le traducteur de la totalité des auteurs islandais invités aux Boréales. Comme chaque année, il nous fait le plaisir de les accompagner lors des débats littéraires et de la tournée des auteurs afin de leur servir d’interprètes. On a voulu en savoir un peu plus sur cet homme de l’ombre qui a tout d’une star.

Parmi toutes les langues du monde, vous avez choisi l’islandais, qui est réputée comme étant l’une des plus difficiles. Masochisme ou goût du challenge ?

Par pur masochisme sans doute, bien que n’ayant jamais étendu ma pratique à d’autres domaines, probablement plus croustillants… C’est aussi le goût du défi et d’un certain exotisme qui m’a poussé à apprendre cette langue aussi impossible qu’improbable – dans ma prochaine vie, je choisirai sans doute le groenlandais ou le féroïen, mais pour ma vie présente, je suis resté raisonnable en me contentant de l’islandais, ce qui était déjà, soit dit en passant, beaucoup trop « exotique » pour ma pauvre grand-mère.

Stefansson, Thorarinsson … Vous traduisez des stars. Ça va les chevilles ?

Oui, oui, et d’autres grands auteurs, tous islandais. Mes chevilles n’enflent pas et, heureusement, ma tête non plus. Je suis surtout reconnaissant de faire un travail qui me passionne, de pouvoir traduire ces écrivains que j’aime et qui me font confiance, tout comme me font confiance les éditeurs français qui publient leurs textes.

Vous permettez à des milliers de lecteurs de découvrir des chefs d’œuvre, et pourtant peu de gens connaissent votre nom ou votre visage, vous restez dans l’ombre. Est-ce que vous vous sentez comme un héros masqué de la littérature ?

Le Batman de Gotham city ? Vous m’avez démasqué, je suis le fils que Michael Keaton et George Clooney ont eu avec Catwoman ! Le fait qu’on connaisse mon visage ne compte aucunement, j’aime bien rester dans l’ombre, à l’ombre de l’auteur et des mots, même s’il faut évidemment qu’on accorde aux traducteurs la place qu’ils méritent. Du reste, je ne suis pas seul dans cette affaire, les éditeurs jouent également un rôle capital dans la diffusion des œuvres : sans eux, rien ne serait possible, le traducteur n’est qu’un des maillons de la chaîne.

Comment les auteurs islandais voient-ils les traducteurs ?

Comme des gens importants pour la diffusion de leur culture, Jón Kalman Stefánsson répète que les traducteurs sont les gens les plus importants du monde. Il dit même qu’il faut les serrer dans ses bras pour les remercier, ce qui est parfois embarrassant après les débats quand le public prend ses propos au pied de la lettre !

Quel est l’auteur que vous auriez rêvé de traduire ?

Ils sont trop nombreux pour les nommer tous, mais j’aurais aimé traduire Tomas Tranströmer, Gunnar Ekelöf ou encore René Char parce qu’on ne peut pas vivre sans les poètes.


 

GUILLAUME PATARD-LEGENDRE

Guillaume Patard-Legendre, que nous saluons ici, a quitté le bureau des Boréales au mois de mai dernier après 8 ans de bons et loyaux services. Il revient aujourd’hui sur ces années en Nord.

C’est le moment de votre départ, après 8 ans… Quel est votre meilleur souvenir aux Boréales ?

C’est compliqué de ne garder qu’un seul souvenir. Pendant toutes ces années, j’ai fait de nombreuses rencontres artistiques et humaines et elles ont toutes leur importance. Si j’avais à choisir, je crois que ma rencontre en 2007 avec la productrice d’Ingmar Bergman a été quelque chose de vraiment impressionnant. Jeune stagiaire sortant tout juste de mes études de cinéma, je me retrouvais à discuter avec la dernière collaboratrice d’un des plus grands cinéastes du 20ème siècle! C’est à ce moment-là que j’ai vraiment réalisé où je mettais les pieds.

On imagine que vous avez déjà fait de grosses gaffes… Pouvez-vous nous en raconter une ?

J’imagine que mes collègues attendent que je parle de la fois où j’ai descendu les marches d’un auditorium au bras de Vigdis Finnbogadottir, ancienne présidente de la république d’Islande, avec la braguette ouverte. Eh bien je ne le ferai pas !

Quelle est votre plus belle découverte artistique due aux Boréales ?

Oh il y en a beaucoup ! Le ballet Cullberg, Carte Blanche, Race Horse Company, Anne Swärd, My bubba… Et j’espère en avoir plein d’autres dans les années à venir.

Qu’est-ce qui vous manquera le plus ?

La frénésie du mois de novembre. C’était vraiment une période exaltante. À la fois terriblement stressante et fatigante mais c’était en même temps la concrétisation du travail d’une année. Novembre 2015 va du coup être assez particulier pour moi cette année…

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