Retrouvez tous les interviews décalés de l’édition 2016

Sóley

Après avoir été voix auxiliaire et pianiste pour le groupe islandais indie-folk Seabear, Sóley s’est lancée avec succès dans une carrière solo. Souvent inspirée par la poésie, Sóley crée un univers musical proche du conte de fées noir et des cauchemars d’enfants où elle mêle force et tendresse vertigineuses.

Auparavant, vous faisiez partie du groupe islandais Seabear. Ce sont vos nouvelles et grandes lunettes qui vous ont ouvert les yeux sur la possibilité d’une carrière solo ?
Oui, quand j’ai acheté mes nouvelles lunettes, j’ai tout de suite vu Sindri, le chanteur, qui essayait de faire couler le groupe en écrivant des chansons plus technos.

L’Islande est un vivier d’artistes de musique pop. Quel est le secret musical le mieux gardé en Islande ?
Je ne peux pas le dire, c’est privé !

Pouvez-vous nous donner trois lieux incontournables en Islande ?
Flatey*, Mývatn**, Seyðisfjörður***.

* Flatey est une île islandaise située dans la baie de Breiðafjörður, à l’Est.
** Mývatn est situé dans le nord de l’Islande dans les environs du volcan Krafla.
*** Seyðisfjörður est un petit village situé dans un fjord de l’Est de l’Islande.

Connaissez-vous l’étymologie de votre nom, Sóley ?
En Islande, il existe une fleur appelée Sóley. La fleur nationale est d’ailleurs de ce type, la Holta-Sóley. Sól veut dire « soleil », et Ey signifie « île ». Donc si on traduit, ça donnerait « l’île ensoleillée », ce que n’est certainement pas l’Islande !

Quel est votre chanteur français préféré ? Votre artiste français préféré ?
Erik Satie et Jean-Pierre Jeunet.


Jean Lilensten

Jean Lilensten est chercheur du CNRS à l’institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble. En 2016 il présentait avec Jennifer Anderson le spectacle Face à la lumière autour des aurores boréales.

Vous cherchez les aurores boréales au nord de l’Europe. C’est pour faire des économies de crème solaire ?
A dire vrai, pour voir les aurores, il faut la nuit noire. S’il y a du soleil, on ne peut pas les voir. Même la pleine lune en atténue les couleurs, si bien que je fais aussi des économies de crème lunaire.

Parmi toutes les couleurs possibles, laquelle est la plus belle dans le ciel ?
La majeure partie des photographies d’aurores trichent : les photographes poussent les couleurs pour faire ressortir le contraste. Le vert n’est pas, en réalité, aussi éclatant. Le rouge est presque impossible à distinguer. Le blanc est plus laiteux. Le mauve est terriblement fugace : l’émotion ressentie devant une photographie d’aurore n’est pas la même que devant une aurore. Certains observateurs en sont déçus. Il ne faut pas : les aurores ont des couleurs délicates, qui vous caressent et vous emplissent de leur silence et de leur échelle planétaire. La plus belle couleur dans le ciel est celle qui vous émouvra le plus.

Il y a eu des aurores boréales en Normandie dernièrement. Est-ce qu’on peut en commander pour Novembre ?
J’ai pris la commande… Mais il faudra tenir compte du fait que les prévisions en météorologie de l’espace sont très largement perfectibles. Cependant, s’il y en a, je peux vous donner les nuits où on pourra le mieux les voir : du 29 septembre au 2 octobre et du 29 octobre au 1er décembre. Si ça ce n’est pas scientifique…

Vous avez fait une conférence l’année dernière aux Boréales, et on a tout compris. Etes-vous vraiment un scientifique ou c’est du bluff ?
Lorsqu’il était président de la réserve fédérale de la banque centrale des USA, Alan Greenspan a déclaré : « Si vous avez compris ce que j’ai dit, c’est que je me suis mal exprimé ». Parfois, j’aimerais pouvoir le pasticher parce qu’à vrai dire, je trouve que je ne sais pas grand-chose : « Si vous avez compris ce que j’ai dit, j’aimerais bien que vous me l’expliquiez ».


Laura Gustafsson

Née en 1983 en Finlande, Laura Gustafsson est auteure de nouvelles, de pièces radiophoniques et de théâtre.
Le premier roman de cette féministe engagée, Conte de putes, a séduit autant que choqué.

Combien de tatouages avez-vous ?
Trois. Celui sur mon bras gauche interpelle souvent. On m’a plusieurs fois demandé si c’était un léopard, une panthère ou un autre félin. « Non. » « Okay. Alors c’est une division de cellules ? » Donc, afin d’éviter un tel processus intellectuel à tous, je vais vous révéler que le tatouage représente un morceau de la peau d’un phoque marbré du lac Saimao, une créature qui ne vit qu’autour d’un lac de Finlande. Avec une population d’à peine plus de 300 individus, il est extrêmement menacé et tend à devenir le symbole de la sauvegarde de l’environnement finlandais. (J’ai eu cette idée alors que je commençais à sortir avec un biologiste qui travaillait pour ce genre d’organisation.  Ça me semblait un bon moyen de l’impressionner. Et ça a marché.)

Si vous pouviez être une super héroïne, laquelle seriez-vous ? Wonderwoman, Catwoman, la Femme invisible, la Veuve noire…
Quand j’étais petite, Catwoman était mon modèle. Oh, attendez, c’est toujours le cas.  (D’ailleurs, vous avez déjà remarqué que la plupart des personnages féminins qui sont réellement intéressants et à qui vous voulez vous identifier sont soit des méchantes, soit des putes. Ou c’est juste moi et mes préférences…).

Vos photos de presse vous montrent sous pleins d’aspects différents. Quelle est la vraie couleur de vos cheveux ?
Je dis toujours à mon coiffeur (qui est aussi un super DJ) de ne pas leur donner un aspect naturel. Donc la question de la vérité n’est pas vraiment intéressante. En ce qui concerne les apparences, je suis toujours contente si on me prend pour une drag-queen.

Être traduit en français, est-ce important pour vous ?
Oui, bien sûr. Mais je crois aussi que c’est une très bonne chose pour le public français. En Finlande, nous avons une culture littéraire depuis environ 150 ans. Donc si vous voulez entrer en contact avec une culture primitive, au lieu d’aller visiter la Grotte de Lascaux, vous pouvez tout aussi bien lire un roman finlandais. Très pratique !

Est-ce qu’il y a un pays dans lequel vous rêvez d’être publié ?
Conte de Putes est en ce moment traduit en turc, ça devrait être intéressant. Le but du livre est d’écraser le patriarcat qui, bien sûr, et malheureusement, prend de plus en plus d’ampleur dans différentes parties du monde (y compris en Europe), donc je pense que mon agent a encore du boulot.


Guy Abgrall

Habitué du festival, Guy Abgrall est comédien de théâtre, de télévision et de cinéma. Il travaille pour de nombreuses compagnies du Grand Ouest.

Vous êtes un lecteur à haute voix expérimenté. Parmi toutes les lectures que vous ayez faite, quelle a été la plus mémorable ?
Ce n’est pas pour vous flatter, mais la lecture spectacle que nous avons faite à l’IMEC est un grand moment pour moi, pour nous peut-être. Le Steinway, l’acoustique, l’attention du public avaient une plénitude rare ! Christofer BJURSTRÖM au piano et Mickaël SEZNEC à la contrebasse se régalaient ! Nous avions « joué » des textes de Stüre DALHSTRôM : « JE PENSE SOUVENT A LOUIS FERDINAND CELINE » et un extrait de « LE GRAND BLONDINO ». J’entends quelquefois à la radio le groupe Blondino qui rend hommage à cet auteur. Marrant !
Aussi, lire devant l’auteur, est un grand moment ! Puisque nous sommes entre nous et les écrivains nordiques, j’ai lu quelques « Racontars Arctiques » en présence de Jorn RIEL. Joli public, l’auteur perplexe ! Les gens se marrent, forcément, et Riel répondant aux questions nombreuses, signe, à la fin, un de ses bouquins en notant, en français : « bonne lecture » !

Vous venez toujours en Normandie au mois de novembre pour le festival, vous n’en avez pas marre de la pluie ?
Je suis de Brest ! No comment ! J’ai, néanmoins, acheté un parapluie à Caen….

Si vous pouviez choisir une lecture à faire parmi toutes les œuvres nordiques et baltiques, laquelle choisiriez-vous ?
Je ne sais pas, et fais toujours confiance à ce qui m’est proposé par la direction du Festival !
Peut-être un polar… Vu la profusion de parutions…

Quel pays du nord voudriez-vous visiter ?
TOUS.

Quel est le texte que vous aimeriez ne jamais avoir à lire en public ?
Mein Kampf, ou ses avatars, car lire à haute voix et vomir c’est incompatible !

Est-ce que vous faites des cauchemars sur la perte de votre voix ?
Non, les cauchemars sont ceux des comédiens à qui l’on dit dans les coulisses d’un théâtre plein : « vas- y, c’est à toi ! » et qu’on se dit « mais on joue quoi ? ». Le public attend ! Cette angoisse réveille !
Sinon, bien sûr, se décontracter, pilules Homéovox et sirop Euphon, en cas de grand stress. Maintenant que vous me le dîtes, je vais me tracasser un peu pour la prochaine !


 

Guðmundur Andri Thorsson

Fils du grand Thor Vilhjálmsson, Guðmundur Andri Thorsson a cinq romans à son actif, tous salués par la critique islandaise. La valse de Valeyri est son premier livre traduit en français.

Si vous ne deviez plus être auteur, quel métier voudriez-vous exercer ?
J’ai toujours rêvé d’être musicien. Ou facteur. Ou peut-être barman. Être auteur me permet d’être tout ça à la fois, d’une certaine façon.

Quel livre n’avez-vous jamais fini de lire ?
Il y a des livres qu’on lit encore et encore, en y découvrant à chaque fois de nouvelles choses. Certaines sagas islandaises le sont – La saga de Njàll le brûlé, par exemple. Je le lis tous les ans, mais ce n’est jamais la même chose.

En Islande, on mange de la baleine, du requin faisandé et de la tête de mouton. Ici, on mange du camembert et des grenouilles et des tripes. Qu’est-ce qui vous fait le plus peur ?
La vieille nourriture islandaise, du temps où il n’y avait pas encore de réfrigérateur et très peu de sel, est intéressante, mais on ne mange pas réellement tout ce qu’on dit de nous. Je n’ai jamais mangé ni de tête de mouton ni de testicules de bélier, ouf (?). Je peux manger de tout, ou presque. Mais quand j’étais petit, on n’avait pas autant de poisson frais qu’aujourd’hui. Je crois que c’est la nourriture qui m’est la plus répugnante : le « vieux » poisson.

Quelle découverte de spécialité normande attendez-vous avec impatience ?
Bien sûr, j’attends avec impatience de boire du Calvados – j’adore le Calvados et tout ce qui contient de la pomme. Et les huîtres aussi, évidemment. On m’a dit aussi qu’en Normandie, vous faites paître les agneaux dans des prés d’herbe salée. Ça m’a l’air bon.

Savez-vous danser la valse* ? Si oui, m’accorderez-vous une danse lors du festival ?
Bien entendu. J’ai pris des cours de danse, il y a quelques années, et appris à danser la valse correctement pour être prêt pour ce genre de demande.

*La Valse de Valeyri est le titre de son premier roman traduit en français.


Thea Hjelmeland

La Norvégienne Thea Hjelmeland est auteure-compositrice-interprète. Sa musique pop-folk a été découverte avec son premier album, Oh, the third… sorti en 2012. Le second album Solar Plexus, paru en 2014, a confirmé tout le bien que l’on pensait d’elle.
Habituée du festival, Thea Hjelmeland a livré, pour la 25e édition du festival, ses chansons orchestrées par l’Orchestre Régional de Normandie pour une prestation unique.

Lors de votre dernière venue aux Boréales, vous avez dit n’avoir jamais vu d’aurore boréale. Vous le faites exprès ?
C’était vrai ! J’ai écrit une chanson sur le sujet, bien que je n’en aie jamais vu.  Et c’est quelque peu frustrant pour moi parce que les photos sont tellement belles et puissantes. L’année dernière, j’ai pu avoir un aperçu du phénomène pour la première fois, mais je pense que je vais prendre la route du nord de la Norvège pour vivre la vraie expérience.

Lors de vos concerts, vous êtes sur scène avec trois mille tonnes d’instruments à cordes. Vous n’avez pas peur que l’orchestre de Normandie, cette année, vous fasse concurrence ?
Je suis très honorée et reconnaissante de partager ce moment avec l’Orchestre. C’est un grand plaisir pour moi de jouer avec un orchestre de cordes et j’ai vraiment hâte de partager cette collaboration avec le public.

Sur scène, vous apparaissez avec des robes uniques. Vous avez votre propre styliste ?
Oui, j’ai plusieurs costumes, des robes, des costards. Je porte ce qui correspond le mieux à la musique, qui permet une extension visuelle sur scène. Je suis ma propre styliste, mais j’ai de très bons conseils et aides de mes meilleurs amis pour coudre des pièces et échanger des idées.

En parlant de robes… Vous êtes plutôt Disney ou film d’horreur ?
Haha, certainement pas Disney, mais je ne suis pas film d’horreur non plus… Donc il faudra venir m’écouter et voir quelles associations ça donne. J’ai vraiment hâte de venir de nouveau jouer pour votre merveilleux festival.

 

 

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