Pour cette nouvelle édition, Isabelle, pétillante stagiaire des Boréales, vous a concocté des interviews décalées des artistes de la programmation. Jo Wedin s’est prêtée au jeu des questions/réponses.
Quand a débuté votre collaboration avec Jean Felzine de Mustang ? Vous connaissiez déjà le groupe avant ?
Oui, je connaissais déjà le groupe Mustang, j’aimais beaucoup, sa voix notamment parce qu’il chante vraiment, ce qui est rare en France, et parce qu’il a un talent à la hauteur de ses ambitions et de ses influences. Je recherchais des chansons en français. J’avais du mal à écrire dans cette langue mais c’était mon rêve depuis longtemps. J’avais déjà quelques chansons que j’avais coécrites avec d’autres auteurs, mais quand j’ai rencontré Jean tout s’est mis en place, on avait le même goût pour un certain type de grandes chansons américaines. Quand il m’a fait écouter « Mets-Moi Dans Ta Valise« , ça a été un coup de coeur et le point de départ de notre collaboration.
Cela fait un moment que vous vivez en France. Quel regard portez-vous sur la scène musicale suédoise ?
Je ne suis plus très au courant de ce qui sort en Suède aujourd’hui, à part les têtes d’affiches qui arrivent jusqu’en France, mais j’aime bien Lykke Li de The Concretes… la musique suédoise reste importante dans mon histoire, on a un certain savoir-faire au niveau de la pop qui n’existe pas vraiment en France. C’est plus facile de faire de la musique là-bas, d’apprendre à jouer d’un instrument etc … Je découvre depuis peu de temps la musique française et il y a des choses formidables, c’est donc possible de faire de la bonne pop en français, c’est un bon défi.
Quels musiciens vous ont donné envie de prendre le micro ?
J’ai toujours aimé chanter, beaucoup de jazz (Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Monica Zetterlund, Chet Baker, les chansons de Cole Porter…), adolescente j’étais à fond dans la britpop, et très fan de Mazzy Star, la voix de Hope Sandoval me fascinait.
Votre travail avec Jean Felzine est très influencé par la musique américaine des années 50/60. Pouvez-vous me citer quelques groupes qui orientent votre travail ?
Avec Jean on écoute beaucoup de soul (on reprend After Laughter de Wendy René par exemple), de country (Patsy Cline, Dolly Parton, ), pop 60’s américaine (Phil Spector, Motown…), du Ska, reggae, rocksteady (Desmond Dekker, Sister Nancy). On a un amour commun pour Elvis et Roy Orbison, les Everly Brothers pour les harmonies à deux voix, les Drifters. On se fait découvrir pas mal de choses mutuellement, moi je lui mets le nez dans le jazz, et Jean me fait écouter Hank Williams, George Jones… et des trucs français (Michel Polnareff par exemple). Des choses très vocales globalement parce qu’on est des passionnés du chant. Après, un peu comme ce qu’il a fait avec Mustang on essaie de faire quelque chose de moderne de toutes ces influences, c’est pour ça qu’on utilise des boîtes à rythmes par exemple. L’idée de l’EP qu’on a enregistré cet été n’est pas de faire quelque chose de vintage.
Vous lisez Modiano, écoutez Françoise Hardy et Gainsbourg. Dans une interview, vous dites même que la langue française vous faisait rêver. Qu’est-ce qui vous attire dans notre culture ?
C’est la langue la plus belle que je connaisse, et la culture française est à l’opposé de la mienne, plus bordélique, plus vivante, ça m’énerve parfois mais je crois que ça me ressemble plus. L’histoire de ce pays est fascinante, j’aime son cinéma, celui des années 50 et 60 en tous cas, ce qui est marrant parce que Jean n’aime pas la Nouvelle Vague, alors que moi ça me faisait déjà rêver en Suède.
Vous affirmez qu’aujourd’hui « les hommes ne sont plus des hommes ». Pouvez-vous me dire, dans ce cas, à quoi ressemble un vrai bonhomme ?
On dicte pas mal aux femmes comment elles doivent être, alors je me suis dit qu’une réponse serait marrante, maintenant c’est seulement une boutade, il y a plein de phrases exagérées, avec des gros clichés pour que la chanson percute. On vit toujours dans un monde d’hommes, pour moi il faut qu’on soit égaux, qu’on ait les mêmes salaires et tout mais j’aime les hommes masculins, j’ai pas envie qu’ils se féminisent.
Propos recueillis par Isabelle