Troisième semaine d’ouverture du site et troisième interview décalée made in Isabelle, pétillante stagiaire des Boréales.
Comme le festival sait vous faire plaisir c’est l’interview décalée du talentueux Jay-Jay Johanson que l’on vous propose de découvrir. Si vous souhaitez en savoir plus sur sa manière de composer, sur son enfance et ses goûts musicaux, cette interview est faite pour vous.
6 questions à Jay-Jay Johanson :
Whiskey, tattoo, poison…vos titres d’album sont plutôt rock. Avez-vous finalement l’âme d’un rocker ?
Eh bien, je suppose que le Hard Rock fut mon point de départ. Je veux dire, quand j’étais un gamin, j’étais exposé au jazz avec le tourne disque de mon père, Elvis avec la radio de ma mère, ABBA avec le tourne disque de ma sœur ainée, et le Glam Rock comme Sweet depuis la chambre de mon frère ainé. Et pour être capable de faire entendre ma propre voix dans la maison, j’avais besoin de trouver la plus bruyante des musiques des années 70 – et c’était le Hard Rock. KISS, Deep Purple, Black Sabbath, etc. J’adorais ça (jusqu’à ce que je découvre Brian Eno vers l’année 1976, et mes goûts musicaux commencèrent à s’élargir).
Vous appréciez aussi beaucoup le jazz – Chet Baker surtout. On dit souvent que le jazz est difficile d’accès. Quel artiste ou album conseillerez-vous à un novice ?
Je sais, je détestais ça quand j’étais jeune, mais maintenant je ne peux pas vivre sans. C’est ma plus grande influence et elle l’a toujours été, j’entends : dans ma façon d’écrire, quand j’arrange et que je produis du son. J’ai plusieurs influences de différents horizons. C’est vraiment compliqué de conseiller de la musique, je pense que la musique doit être creusée et découverte au bon moment – par exemple, je ne lis jamais de livre, j’en ai jamais lu, et tous mes amis durant les 30 dernières années m’ont conseillés des livres à lire, je les ai acheté, j’ai commencé à les lire, j’ai détesté tous les livres que les gens m’avaient conseillés – bizarre, non ? Ca ne marche jamais les conseils sur la culture (je pense).
Comment vous sentez vous sur scène ?
Avant j’étais un garçon timide, curieux mais timide. Et j’ai toujours pensé que pour aller sur la scène on avait besoin d’être extraverti et fier, mais quand j’ai vu le live de Chet Baker en 1984 j’ai réalisé que j’avais tord – Chet venait calmement sur la scène, déplaçait sa chaise en dehors de la lumière, et s’asseyait dans l’ombre, jouant les plus belles chansons que j’ai jamais écouté et murmurant les mots les plus doux qui aient jamais été écris dans le micro – j’étais soufflé – ce fut un grand tournant pour moi. J’ai décidé : Je veux faire ça aussi, je veux faire la même chose. Je peux être sur scène même si je suis timide. Actuellement, je me sens rassuré et j’essaie de m’amuser avec les musiciens – je veux dire, nous faisons ça depuis 20 ans maintenant. Parfois, le contact avec le public est fabuleux, surtout en France.
Avez-vous besoin d’être dans un endroit, un état ou une situation particulière pour écrire et composer ?
Je ne pense pas. Les mots et les fragments de mélodies peuvent apparaitre à n’importe quel moment, partout, donc il vaut mieux que j’ai toujours un crayon et un bout de papier dans une de mes poches, sinon la chanson pourrait être perdue pour toujours. C’est arrivé plein de fois. J’écris beaucoup quand je sors marcher, ou alors que je m’assois seul dans un train, ou dans une chambre d’hôtel, quelque part dans le monde, ou dans un aéroport. Puis la plupart du temps je m’assois à ma table, devant mon ordinateur, et j’essaie d’agencer tous ces morceaux de papiers ensemble, un couplet ici et un refrain là. Des fois, j’ai également besoin de m’asseoir à mon piano, ou avec une guitare dans ma main. Et rarement, cela arrive qu’un mot, ou une phrase, me vienne et que je commence à écrire dans ma tête, en quelques heures j’ai terminé une chanson entière avec 8 ou 9 couplets. Habituellement, les musiques qui prennent le moins de temps à écrire sont les meilleures.
Vous avez vécu un bon moment à Paris. Qu’est-ce qui vous attirait dans la capitale française ?
Il est certain que c’est un endroit magnifique sur terre – il y a plein de choses dont on peut être inspiré– mais j’ai besoin d’être dans un endroit plus calme pour écrire et être productif. Je préfère Paris en tant que ville pour s’y promener souvent plutôt que d’y vivre.
Jouer avec un orchestre, le fantasme absolu ?
Eh bien… oui. Enfin, peut être pas le fantasme absolu, mais pas loin. Je veux dire, j’écris, j’arrange, j’enregistre avec des orchestres à cordes pour beaucoup de mes albums, mais je n’ai jamais joué avec un véritable orchestre sur la scène, ce sera un plaisir formidable…
Propos recueillis par Isabelle